Une nouvelle ennemie [pv Abby Watson]

Ashley se reposait tranquillement dans le parc, à l'ombre. On était samedi et elle n'avait pas cours, elle pensait à Andrew, le beau Jaune dont elle était secrètement amoureuse. Elle savait que les Jaunes n'étaient pas tous comme lui, qu'ils étaient sympas entre eux et pas avec les autres. Andrew était gentil parce qu'il la considérait comme une Jaune mais les autres ne lui feraient pas de cadeaux. Perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas les bruits de pas qui s'approchaient d'elle. Même s'il y avait beaucoup de monde dans le parc, elle avait choisi un coin plus reculé, puisqu'elle était seule. Quand elle vit donc une paire de chaussures devant elle, elle sursauta et releva la tête. Une Jaune se tenait debout devant elle, et son visage n'exprimait rien de positif. Son frère l'avait prévenu du danger que représentaient les Jaunes et même si elle ne l'avait pas écouté pour Andrew, elle décida de le faire pour cette fille. Elle dit donc, d'une voix pas très chaleureuse:

Oui, qu'est-ce que j'peux faire pour toi ?

Puis, ne voulant pas l'agresser mais quand même lui faire comprendre qu'elle gênait, elle ajouta:

Euh.. T'es au milieu la, tu me caches du soleil. Tu peux pas bouger ?

Bouger. Ce verbe à double sens, se déplacer ou s'en aller... Très utile. Elle était fière d'elle et pensait que Matt aurait beaucoup aimé la voir à l'oeuvre. Elle oublia Andrew, ne pensant pas que se faire une ennemie chez les Jaunes pourrait avoir de grosses conséquences pour leur couple. Du moins, leur futur couple car pour le moment ce n'était qu'un rêve.

Abby avait passé la matinée à dormir, et s'était levée aux alentours de 11 heure. Elle n'avait quasiment pas de devoirs pour la semaine, voilà pourquoi elle en avait profitée. Elle s'était ensuite douchée, avait enfilé à la hâte une jupe et un t-shirt (elle avait remarqué, en ouvrant les volets, que le temps était plus que beau) puis quitta la chambre. Elle n'avait pas très faim, elle fit donc l'impasse sur le petit déjeuner et se dirigea vers le parc, car la veille (étant assez tête en l'air), elle y avait oublié sa veste. Au bas de l'arbre où elle aurait du se trouver était assise une fille, plus exactement une rouge. Elle ne savait pas grand chose des rouges, mis à part que leur chef ne s'entendait pas très bien avec le chef des jaunes, leur chef en bref, et le peu de chose qu'on lui avait dit au sujet des rouges est qu'il fallait mieux les éviter. Abbu observa donc la fille, à la fois curieuse et irritée, car celle-ci ne semblait même pas l'avoir remarqué. Lorsque celle-ci daigna enfin lever la tête, ce fut tout d'abord pour lui demander, si elle pouvait faire quelque chose pour elle, ce à quoi Abby ne répondit bien sûr rien, et ensuite pour lu demander de se pousser, afin que mademoiselle puisse recevoir les rayons du soleil. Abby sentit l'irritation la gagner, mais préféra se calmer. Pour qui elle se prenait, celle-là, à lui parler sur ce ton ? Abby ne bougea pas, mais répondit à la place :

Non, je ne peux pas bouger. Je cherche ma veste, sur laquelle tu t'es sûrement inconsciemment assise.

Elle essaya de garder un ton calme, mais rien que de voir la rouge l'énervait.

Abby osait espérer que la fille se lève, de sorte qu'elle puisse récupérer sa veste, qui devait sûrement se trouver là. Au lieu de quoi, la rouge ferma les yeux, comme si elle s'apprêtait à dormir. Abby n'en pouvait plus. Elle savait très bien qu'elle la cherchait, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'énerver. Elle la poussait à bout, et Abby ne pouvait le supporter. Elle essaya pourtant de se calmer, respira un bon coup, mais dès que son regard se posa de nouveau sur la rouge, l'irritation la gagna. Elle décida de ne pas se laisser faire, c'était elle la jaune, et ce n'est pas une rouge qui lui dirait ce qu'elle doit faire. Elle donna un coup dans les pieds de la rouge qui releva la tête, et lui dit, d'un ton plein de méprise:

Tu pourrais pas te bouger, je te dis que ma veste est sous tes fesses ! C'est pas si compliqué, non ? A moins que les rouges soient à ce point empotés, ce qui ne m'étonnerait guère, d'après ce que j'ai entendu à votre sujet.

Elle était sûre de l'avoir piquée à vif, car personnellement, elle n'aurait pas aimé que l'on critique sa maison. Elle attendit donc que la rouge réagisse, prête à l'affronter.

Ashley souriait intérieurement, feignant de dormir pour énerver la Jaune, quand elle lui donna un coup dans les pieds. Elle releva donc la tête, un peu énervée déjà, et écouta sa petite engueulade. Elle se força à sourire tout en écoutant, pour bien lui montrer qu'elle n'avait pas peur et qu'elle se fichait royalement de ce qu'elle pourrait lui dire. Mais la Jaune toucha un point sensible, elle se moqua de sa Maison. Pour elle, les Rouges, la Maison Rouge, c'étaient les plus belles choses qui soient, ce qu'elle défendrait toute sa vie... Et cette satanée Jaune se moquait d'elle. Elle pensa à Andrew et choisit de ne pas répliquer par la même attaque, s'il apprenait par la suite qu'elle avait insulté sa Maison, s'en était fini de leur couple (qui n'existait d'ailleurs toujours pas). Elle préféra contre-attaquer et dit:

Tu ne sais rien faire d'autre que t'énerver et insulter ma Maison? Les Rouges sont loin d'être empotés et personnellement je respecte chaque Maison. J'aime bien les Jaunes mais j'avoue que toi t'es pas un cadeau.

Et bien sûr, elle prit soin de ne pas parler de la veste et fit mine de se rendormir, s'allongeant et fermant les yeux à nouveau.
*Après tout, c'est elle qui a changé de sujet, et puis avec ce que j'ai dit, c'est moi qui passerait pour l'héroïne et elle ne pourra plus jamais s'approcher d'un Rouge*
Satisfaite, elle faillit vraiment s'endormir tant elle se sentait bien.

Alors qu'Abby s'était déjà éloignée de quelques mètres, la rouge l'interpella en hurlant, et en la traitant de celle qui venait d'insulter toute la Maison Rouge. Abby se retourna, et constata que la rouge avait sa veste dans la main. La rouge continua de lui parler ainsi, tout en se rapprochant d'elle. Abby sentait de nombreux regards se braquer sur elles, et le rouge monter aux joues. De honte, mais aussi de fureur. Elle n'en pouvait plus, et se retener pour ne pas bondir à la gorge de la fille. Celle-ci était en train de l'humilier publiquement, et Abby n'osait rien dire, de peur d'aggraver son cas. La rouge se rapprochait toujours pus, et finit pas lui demander comment elle s'appelait. Elle n'était vraiment pas gênée. Non seulement elle l'humilier, mais après, faisant comme si de rien n'était, elle lui demander son nom. Et puis quoi encore ? Son numéro de téléphone ?
La rouge lui chuchota ensuite à l'oreille, si bas qu'elle n'arrivait presque pas à entendre le son de sa voix, qu'elle lui rendrait en retour sa veste. Abby détestait le chantage, et la manière dont la rouge lui parlait la frustrait. Cette fille était vraiment une peste ! Abby décida de ne pas se laisser faire, et joua son jeu:

Quel chantage ! Tu me rendras ma veste si je te dis comment je m'appelle ?

Elle avait pris soin d'hurler, tout d'abord pour lui briser les tympans, et ensuite pour que tout le monde sache à quel point cette rouge était une peste.

Ashley n'en revenait pas, elle ne s'était vraiment pas attendue à cette réaction, qui, elle devait l'avouer, était plutôt intelligente. Mais cela ne l'arrangeait pas. Cependant, comme elle ne disait rien, elle entendit: tout le monde parlait d'elles et ce qu'elle entendait était plutôt rassurant, ils faisaient passer que la Jaune avait traité la Maison Rouge et le fait qu'elle dise son nom en échange de sa veste, chantage ou pas était pour le public très intéressant car avec un nom, on peut faire la réputation de la Jaune en une journée mais sans, on peut juste faire passer une rumeur. Elle sourit, ravie, ignorant les quelques Jaunes qui trainaient dans le parc et soutenaient son ennemie, la traitant de peste qui faisait du chantage, chose tout à fait vraie d'ailleurs. Elle se dit qu'il valait mieux qu'elle réplique et avec un sourire narquois, elle répondit simplement:

En effet, c'est ce que je viens de te dire. Et si tu pouvais éviter de hurler comme ça, ta voix n'est pas vraiment la plus agréable que j'ai entendu...

Elle se surprit à penser à Andrew, à sa magnifique voix veloutée, puis prit peur, pensant que tous les Rouges la soutiendraient ainsi certainement que les Verts qui n'aimaient pas spécialement les Jaunes, mais que les Jaunes eux-mêmes risquaient de se liguer contre elle, pour venger son ennemie et que la personne qui vengeait les Jaunes n'était nulle autre qu'Andrew.. Son Andrew.. Mais il était trop tard pour faire marche arrière et elle attendit, patiemment que son adversaire, puisque c'était pour elle un jeu, réagisse.

La rouge ne réagit pas comme Abby l'avait souhaitée. Au contraire, elle affirma ce qu'Abby avait dit tout fort, mais ajouta qu'elle n'était pas obligée d'hurler aussi fort, sa voix n'étant pas très agréable. La rouge n'était vraiment pas décidée à lui rendre sa veste, elle semblait comme jouer avec Abby... Non mais, pour qui se prenait-elle ? Si il y avait un quelconque jeu, c'était bien à Abby d'en être le maître. Et elle ne se laisserait sûrement pas faire par une sale sainte nitouche de rouge. Pourquoi donc cette rouge persistait-elle autant à vouloir pousser Abby à bout ? Etait-ce réellement pour le plaisir, pour le jeu, ou bien s'y cachait-il quelqu-un derrière ? Abby voulut en avoir le coeur net, et c'est pourquoi, se rapprochant de la rouge, elle lui dit, d'un air hautain:

Dis moi, tu es vraiment une peste, ou tu fais ce petit jeu débile et inutile à cause de quelqu'un ? Ou plutôt pour quelqu'un ?
Parce que si t'es en manque d'estimation, voire de reconnaissance, y'a plein d'autres moyens que de se la jouer barbie peste.

Abby se tut ensuite, et étudia la réaction de cette fille, qui était définitivement et irrémédiablement devenue son ennemi.

Ashley comprit vite que la Jaune essayait de changer de sujet, pour ne pas dévoiler son nom et tirer la situation à son avantage. Celle-ci lui posa une question très étrange, comme si elle l'humiliait pour le compte de quelqu'un. Ashley réfléchit, mais non, c'était seulement pour son plaisir personnel et pour pouvoir mal parler de quelqu'un et aussi, un petit peu, pour que son frère soit fier d'elle et puis heureux d'avoir une occasion d'humilier une Jaune. Mais c'était principalement pour elle. Elle n'allait cependant pas dire à haute voix que c'était un jeu pour elle, qu'elle humiliait cette fille pour son plaisir, elle répondit donc, suivant son idée première:

Pourquoi est-ce que tu changes de sujet ? Je t'ai demandé ton nom ! Donne-moi le tout de suite, de toute façon je le trouverai facilement, mais je veux que tu me le dises.. Après tu auras ta veste et je m'en irai. Ne t'inquiète pas ma petite. La méchante Rouge qui t'embête depuis tout à l'heure va partir parce qu'elle a autre chose à faire. Mais elle ne te rendra ta veste que si elle connait ton nom...

Et elle rigola, très amusée de lui avoir parlé comme à un bébé. Peu importe ce qui allait se passer, d'ici cinq minutes elle serait partie. Avec la veste ou le prénom de cette fille.

La rouge persista et ne lâcha pas prise, au grand dam d'Abby. Elle commençait vraiment à lui taper sur les nerfs. Et pourtant, la manière dont elle avait réagi laissait deviner à Abby qu'il devait bien y avoir quelqu'un, pour qu'elle se comporte ainsi lamentablement. Ou bien alors, elle était naturellement comme ça. Et dans ces cas-là, Abby était désolée pour elle ! En plus, cette manière débile de lui parler, comme si elle parlait à un attardé mental ou bien un gosse de 4 ans l'agaçait. Il fallait que cela cesse. Abby réfléchit longuement à la réponse qu'elle lui donnerait, puis lui dit:

Bon écoute, t'as qu'à garder ma veste si t'en as tellement envie, mais arrête de me faire chier ! Et tu peux toujours courir pour que je te dises mon nom, parce que je vois d'ailleurs pas pourquoi je te le donnerais. Je ne le donne pas à n'importe qui. Surtout toi. Parce que franchement, je vois pas ce qu'un esprit aussi étriqué que le tien pourrait faire avec...

Tant pis pour cette veste, elle ne voulait en aucun cas lui donner son nom, car à partir du moment où on connaît le nom de quelqu'un, c'est comme si on commençait à connaître cette personne. Et Abby n'ait en aucuns cas l'envie de la connaître.

Ashley trouva sa réponse à la fois bête et intelligente, bête parce qu'elle perdait sa veste, comme si Ash' comptait la garder... Et intelligente aussi parce que la Jaune avait compris que si son nom se faisait connaître, mieux valait qu'elle change de lycée. Malgré tout, elle trouverait son nom, d'une manière ou d'une autre. Elle décida d'abandonner, du moins de manière élégante, justement comme si elle avait autre chose de mieux à faire. Elle lui lança donc la veste à la figure et dit d'un ton glacial:

Reprends-la. Je ne te supporte pas mais je ne suis pas une voleuse ! Et je n'ai aucunement honte de mon nom comme ça à l'air d'être ton cas: je m'appelle Ashley TYLER. Retiens-le bien, je pense qu'il te sera utile en temps voulu.

Ash' avait bien insisté sur son nom de famille parce que Matt, son frère aîné, tenait toujours à se présenter quand il humiliait quelqu'un, c'était très généralement du genre: "Je suis Matt Tyler, chef des Rouges, on m'a élu parce que je défends n'importe lequel de mes frères, et pour cette unique raison". Il se la jouait souvent grand chevalier, c'était vrai, et Ashley ne put s'empêcher de sourire en y pensant. Puis, elle revint à la réalité et vit la Jaune, perplexe, en face d'elle. Elle sourit à nouveau, pensant à la tête qu'elle ferait quand son frère, qu'elle craindrait comme tout le monde, (même les Jaunes le craignaient, sauf leur chef) lui dirait son nom. Puis, elle resta plantée, attendant que son ennemie s'exprime, ce qui allait être difficile puisqu'elle n'avait ni posé de question, ni fait de remarque.

La rouge resta silencieuse un certain moment, puis lui jeta la veste à la figure et lui dit d'un ton sec qu'elle pouvait la reprendre, car elle ne souhaitait pas paraître pour une voleuse. Abby attrapa la veste à temps avant que celle-ci ne tombe à terre et ne put s'empêcher qu'elle empestait désormais l'odeur de la rouge. Elle ajouta ensuite, comme si cela importait vraiment à Abby, qu'elle n'avait pas honte de dire son nom, et qu'elle s'appelait Ashley, Ashley Tyler. Abby fut surprise d'apprendre que cette rouge n'était autre que la soeur du chef des Rouges, Mat Tyler. Mais est-ce qu'elle pensait l'impressionner ? ... Ou lui faire peur ? Pfff... elle se méprenait totalement, Abby n'était pas jaune pour rien. Pour bien lui faire comprendre qu'elle ne craignait rien de ce qu'elle disait, elle afficha un air supérieur et un sourire insolent et lui lança:

Parce que tu crois vraiment que de savoir qui tu es, ça va me faire peur ? Mais tu te trompes totalement ! Je n'en ai rien à faire... et cela ne sert à rien que tu me menaces, cela ne prend pas avec moi.

Elle s'approcha ensuite d'Ashley et, affichant une mine de dégoût, lui dit:

Et franchement, t'aurais pu éviter de couvrir ma veste de ta désagréable odeur, parce que je ne sais pas quel parfum tu mets, mais à ta place j'en vérifierai le contenu.

Elle se tut ensuite, et attendit qu'Ashley réplique, ce qui n'allait sûrement pas tarder.

Ashley fut surprise de voir que la jaune reconnut son nom. Son petit effet de surprise était un peu gâché puisqu'elle connaissait déjà son frère. Celle-ci fut désagréable, repoussant ses menaces et l'insulta à propos de son odeur. Elle décida qu'il était temps pour elle de quitter cette nouvelle connaissance ou elle risquait de l'amocher. Elle rétorqua:

Je ne m'abaisserai même pas à répondre à ces enfantillages. Va pleurer chez les Jaunes, je trouverai ton nom, sois sans crainte. Et évite de recroiser mon chemin, ma patience a des limites.

Elle ajouta ensuite, en chuchotant, plus pour elle-même que pour la Jaune mais celle-ci l'entendit apparemment:

S**lope

Mais elle ne quitta pas immédiatement les lieux, attendant malgré tout que la Jaune lui réponde, par pure provocation.

Ashley lui adressa un regard des plus dédaigneux, puis tourna le dos à Abby, partant dans la direction opposée.

*Quelle lâche*

Abby en avait eu assez de leur altercation, elle décida donc de battre en retraite. Mais à peine quelques pas plus loin, elle se retourna. Elle n'était pas certaine que cette sale rouge avait vraiment disparu. Elle parcourut furtivement le parc du regard, et par le plus garnd des hasard, l'aperçut.

*Mais bien sûr, elle est partie... Mon oeil, oui!*

Elle se retourna définitivement, mit ses mains sur ses hanches et regarda en sa direction. Elle lui adressa un dernier regard qui voulait tout dire, du moins jusqu'au fond de sa pensée, lui renvoya un sourire dédaigneux puis partit.